Sous la signature Mata Lee, j’explore le portrait comme un territoire où la figure humaine devient une construction — un collage d’identités, un visage en perpétuelle mutation. Mon travail s’inspire de l’esthétique manga, mais je la détourne par une stylisation qui amplifie l’écart entre le naturel et l’artificiel : de petits yeux largement espacés, un nez et une bouche réduits à leurs formes essentielles, presque comme des indices fragmentés d’une présence humaine.

Je compose mes personnages à partir de fragments prélevés sur différentes personnes : les yeux de l’une, le nez d’une autre, la bouche d’une troisième — parfois posés sur un corps qui n’appartient à aucune d’elles. Ce processus est une métaphore directe de notre époque : un temps où les visages sont modulables, où l’identité peut être recomposée, falsifiée, optimisée, manipulée comme un fichier numérique.

Par cette esthétique volontairement minimaliste et légèrement décalée, j’interroge la frontière entre le réel et le fabriqué — non pas pour la condamner, mais pour comprendre comment l’artificiel peut aussi devenir un langage expressif, un espace de liberté et de réinvention.